Symbole des libertés communales, le beffroi domine majestueusement la ville.
La construction La construction du beffroi actuel commence en 1380 ; il doit abriter les cloches et servir de tour de guet. Les travaux sont interrompus en 1410 parce que la ville a besoin d’argent pour renforcer la muraille qui la protège : le haut du beffroi est alors constitué d’une terrasse couverte de plomb et surmontée d’un petit appentis. Durant le XVe siècle, le bâtiment subit plusieurs incendies et le plus violent, en 1471, ravage la partie supérieure. Les échevins décident alors de le reconstruire et de faire réparer la charpente en y ajoutant le couronnement. Le beffroi est terminé en 1475. Tour carrée de 9 mètres de côté flanquée de contreforts, il s’élève à 57 mètres de hauteur. Aucun conflit ne l’ayant gravement endommagé, on le voit aujourd’hui quasiment tel qu’il était au Moyen Âge. L’intérieur Du rez-de-chaussée, où l’on accueillait au Moyen Âge les pauvres pendant l’hiver, un escalier à vis mène à la salle des gardes, puis, au 2e étage, à la salle dite des sonneurs parce qu’on y sonnait les cloches à la volée. À un niveau supérieur se trouve le carillon, composé de 62 cloches, dont Joyeuse, qui pèse 5,5 tonnes, tandis qu’à l’avant-dernier des six étages on découvre l’ensemble de la ville et des environs.
L'art flamand connaît des débuts magnifiques au XIVe siècle (floraison de peintres, de sculptures...).
Les artistes du Nord vont en Italie pendant la période de la Renaissance (Jan Van Scorel, Frans Floris, Jean de Bologne...).Douai connaît au Moyen Âge une prospérité économique alliée à un souci de création artistique.Certains monuments l'attestent encore aujourd'hui : l’église Notre-Dame, les portes, le beffroi.
Le reste de la ville est une cité médiévale avec des rues étroites, des maisons basses (en torchis) et à pignons pointus.
Quelques beaux hôtels particuliers de la Renaissance se mélangent à ces habitations plus modestes : par exemple, l'hôtel de La Tramerie, construit en 1649, reste un témoin du baroque flamand, notamment avec encadrement à ressauts de ses fenêtres géminées. Son soubassement est en grès et sa toiture en ardoise, privilèges des demeures cossues.
Il reste un exemple de maisons à pans de bois, héritées du Moyen Âge, à l'angle de la rue des Huit-Prêtres et de la rue du Clocher-Saint-Pierre. L'étage et la toiture y sont en surplomb par rapport au rez-de-chaussée et la façade présente un pignon triangulaire. Le grès, la pierre blanche et la brique se généralisent. Les toitures en tuiles se répandent. En effet, pour les plus anciennes, le faîtage du toit est perpendiculaire à la rue. Les toitures sont séparées entre elles par un chéneau qui reçoit la pluie, rendant les constructions vulnérables aux dégâts des eaux et aux incendies. Un nouveau type de couverture parallèle à la rue, à forte pente et avec de solides cloisons mitoyennes formant " coupe-feu ", apparaît dans les quartiers plus récents et, au XVIIIe siècle, s'étend à toute la ville.
L'hôtel de la Tramerie. La plus vieille maison de Douai
... pour devenir une ville française Douai ayant beaucoup souffert des sièges successifs de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle, une reconstruction doublée d'un renouveau se produit.
En 1718, le Magistrat édicte un règlement d'urbanisme, qui est homologué par le parlement de Flandre. Tous les plans de construction doivent lui être soumis. Les soubassements sont en grès, l'encadrement des fenêtres en pierre blanche calcaire. Les meneaux sont abandonnés pour des fenêtres à petits pans de bois. Les combles sont garnis de lucarnes. Un cordon saillant de pierre blanche, dit cordon larmier, délimite les différents étages et crée un alignement entre les maisons. Ce nouveau règlement veille également à la hauteur des maisons mais n'amène pas de rectifications importantes quant au tracé des rues. C'est une période où naît un ensemble immobilier d'une grande unité. Le goût français s'impose avec bonheur. Place du Marché-aux-Poissons.
Sous le Second Empire, la chapelle des Récollets anglais est agrandie pour devenir l'église Saint-Jacques. L'agrandissement de l'hôtel de ville est entrepris : on construit la salle des fêtes, ce qui double la façade, et deux ailes en retour encadrent la cour d'honneur.
Le parc immobilier s'accroît grâce au lotissement du nouveau quartier de l'abbaye des Prés, d'une unité architecturale remarquable. Avec le démantèlement, de remarquables habitations bourgeoises apparaissent sur les boulevards au sud de la ville. La place du Barlet est doublée et se flanque de l'Hippodrome.
Quelques façades " Art Nouveau " embellissent les quartiers commerçants au début du siècle. La guerre en a épargné peu.
Les façades privées et publiques ont toutes été ravalées sous maîtrise d'ouvrage déléguée à la ville pour un montant d'environ 3 millions d'euros supportés à 40 % par la ville et le reste partagé par les propriétaires, l'État, la Région et le Département. La plupart des façades sur berges sont du XVIIIe siècle.
Ce site constitue l'emplacement à partir duquel la ville s'est développée. Depuis la fin du XVIIIe siècle, il était occupé par une fonderie de canons. Suite à son abandon au siècle suivant, il n'en restait que ruines et terrains vagues.
La reconquête du site s'est faite en trois opérations complémentaires : – la restauration du mur curviligne en briques de l'ancienne fonderie ; – la construction d'un foyer pour personnes âgées, aux façades de briques et à la couverture d'ardoises en forme de "U" ; – l'aménagement dans l'espace ainsi délimité d'un jardin public en forme d'amphithéâtre montrant les anciens fours à canons et le puits (XIe siècle) de l'ancien donjon du comte de Flandre. L'ancien porche de la fonderie a été refait à l'identique. À l'abri des murs de la fonderie et de la résidence, le jardin jouit d'un calme qui contraste avec l'agitation de la ville et la qualité acoustique du lieu permet l'organisation de spectacles. Un canon, la Furibonde, a été placé dans le jardin et illustre ainsi l'ancienne vocation du lieu.
Construit en 1575, le refuge de l'abbaye de Marchiennes servit successivement de casernement, prison, parlement de Flandre, avant de devenir cour d'appel. Dans son dernier état, la façade sur Scarpe nous livrait les strates de l'histoire.
La restauration offre aux promeneurs un nouveau message architectural, un équilibre entre les besoins du palais de justice, la lisibilité de l'archéologie du bâtiment et les nouveaux espoirs du tourisme douaisien.
Datant de la fin du XVIIIe siècle, cet immeuble était composé à l'origine de 5 maisons indépendantes.
Le rez-de-chaussée est constitué de belles arcades cintrées en grès. Au 1er étage, les baies rectangulaires sont flanquées de colonnes engagées à chapiteaux corinthiens réunis par des guirlandes sculptées. Une balustrade de pierre court tout le long de ce niveau. Une poule, placée au centre d'un fronton triangulaire, évoque le nom du propriétaire de l'édifice.
En 1996, un maximum d'espaces intérieurs ayant pu être gagné, le bâtiment a été restauré et transformé en une résidence d'une dizaine d'appartements.
L'hôtel d'Aoust a été construit au début du XVIIIe siècle par la famille d'Aoust pour en faire une résidence d'hiver. En 1944, les Houillères nationales y installèrent le siège des bassins du Nord et du Pas-de-Calais.
Cet hôtel particulier de style Louis XV s'inscrit dans l'architecture rocaille du XVIIIe siècle. Il est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1947 mais il était abandonné et dégradé depuis la fermeture des Houillères dans les années 1980. La décision d'implanter la 7e cour administrative d'appel à Douai a permis de trouver une nouvelle destination à ce bâtiment. La ville a donc décidé en 1998 de l'acheter et de le restaurer.
Depuis son inauguration en 1785, le théâtre de Douai a connu une intense activité artistique, avec, pour toile de fond, les grands événements de l’histoire de France.
L’histoire du théâtre de Douai 1783-1815 : la naissance Avant la création du théâtre en 1783, les comédiens de passage à Douai jouaient dans un jeu de paume. Mais, quand les anciens remparts ont peu à peu été démantelés et revendus du fait de l’agrandissement de la ville, un entrepreneur privé, Maurice Denis, a racheté deux bâtiments (anciennement une abbaye et un séminaire), pour en faire une « salle de spectacles », selon la terminologie de l’époque. Les échevins de la ville donnèrent leur accord pour la construction du théâtre le 14 juillet 1783 et le premier spectacle eut lieu dix-huit mois plus tard, le 4 décembre 1785. Mais ensuite le destin du théâtre épousa les grands événements de l’histoire. En 1805, Napoléon, qui avait séjourné à Douai, en fit un théâtre impérial, qui est devenu, depuis la chute de l’Empire, en 1815, municipal. 56 directeurs se sont succédé jusqu’à aujourd’hui.
1815-1914 : l’âge d’or La vie du théâtre, au XIXe siècle, fut certes marquée par des évolutions techniques et esthétiques – éclairage au gaz dès le milieu du XIXe siècle puis électricité (l’un des premiers bâtiments publics à en être équipés au début du XXe siècle), fermeture du hall d’entrée, décorations en faux marbre –, mais elle était également riche d’une activité artistique très intense. Le théâtre possédait en effet une troupe importante : 45 musiciens, deux chefs d’orchestre, plus de 60 comédiens et chanteurs, sans compter l’administration. Tous les mois de septembre, un concours permettait de recruter comédiens, chanteurs et musiciens pour la saison, qui durait jusqu’à la fin du mois de juillet. Les spectacles avaient lieu le dimanche et le mercredi, et commençaient à 14h30 par une comédie, puis suivaient une tragédie et, en début de soirée, un ouvrage lyrique. Et tout cela avec les mêmes comédiens, d’où l’importance du souffleur, puisque les pièces étaient différentes de semaine en semaine ! La vie culturelle fut glorieuse : c’est dans ce théâtre qu’ont été entendues pour la première fois en France les symphonies de Beethoven ; Franz Listz ou Niccolo Paganini y sont venus jouer.
Affiche de la représentation du 10 Janvier 1900
Les guerres mondiales 1914-1918 et 1939-1945 Pendant la première guerre, et sous l'occupation allemande, le théâtre est devenu théâtre aux armées, où, étrangement, l’occupant laissait se produire des spectacles au profit des prisonniers de guerre. De même, pendant la seconde guerre mondiale, des troupes de théâtre amateur y jouaient pour les prisonniers. Entre les deux guerres, le théâtre fut l’un des premiers à accueillir les tournées Charles Baret, de 1928 jusqu’à 1993. 1998-2000 : le théâtre et ses décors classés monuments historiques Ce sont d’abord les décors qui ont été classés en 1998 : ils ont été réalisés par le grand décorateur Pierre-Luc-Charles Cicéri, en 1819 et 1831, et forment, avec leurs 93 pièces, la seule collection de décors en France. En 2000, le théâtre lui-même a enfin été classé. 2006-2007, la rénovation du théâtre, une volonté de restaurer son patrimoine Le théâtre municipal ne répondait plus aux normes de sécurité. Le principal objectif des travaux fut donc de le réhabiliter tout en gardant les principales installations existantes (machinerie bois...) et en restituant les décors d'origine : en un mot, conserver intact l'esprit de ce théâtre à l'italienne vieux de 220 ans. Ce fut également l'occasion de rénover la charpente et la couverture vieillissantes, le mur d'enceinte et de ravaler l'ensemble des façades. La sécurité incendie a été mise aux normes par la création de nouvelles issues de secours et la mise en place d'escaliers extérieurs d'évacuation. L'intégralité des installations électriques a été revue et l'ancien logement du concierge transformé en bureaux. Le hall d'accueil, les sanitaires publics, les coursives et le foyer furent remis en état, les fauteuils, le parquet, la fosse d'orchestre rénovés. Les toiles peintes, de même que les anciennes lustreries, ont été restaurées, des peintures en trompe-l'oeil "faux-marbre" réalisées. Ces travaux ont été effectués dans le cadre de la politique volontariste de la ville de Douai de restaurer et de mettre en valeur son patrimoine culturel et historique. Après environ 20 mois de travaux, le théâtre municipal a rouvert ses portes le vendredi 14 décembre 2007, offrant un spectacle d’inauguration écrit et mis en scène par Marcel Maréchal et François Bourgeat, Un rêve de théâtre, suivi d'une pièce beaucoup plus courte, L'Impromptu de Douai.
Photo du spectacle d'ouverture du 14 décembre 2007
Cette pièce fut également l’occasion, d'une part, d’une intitiation de toute la population, et, d'autre part, d'une démarche pédagogique en direction des écoles de Douai qui ont été invitées à venir assister à une représentation : les élèves découvraient ainsi non seulement un bâtiment, mais aussi l’univers du théâtre, à travers une pièce reprenant quelques grands classiques. Le théâtre a retrouvé sa place autant sur le plan culturel que dans le patrimoine architectural douaisien. Au cœur de la ville, il est intégré aux circuits touristiques de l’Office de tourisme et inscrit dans le programme des Journées du Patrimoine.
Le théâtre de Douai à 360°